
La médiation scientifique : Un outil indispensable pour nos futur·es diplômé·es
La désinformation et la défiance envers les sciences est aujourd’hui largement relayée, notamment sur les réseaux sociaux. Dans un tel contexte, former nos étudiant·es à la médiation scientifique semble indispensable. Parler de science au grand public et mettre à la portée de tous des connaissances clés permet le développement d’une réelle culture scientifique citoyenne.
Au-delà de cet aspect sociétal, nos étudiant·es seront amenés dans leur vie professionnelle à présenter des projets ou des résultats de leurs travaux à des personnes parfois non spécialistes. Là-encore, des compétences en vulgarisation seront appréciées. L’université Paris-Saclay propose aux étudiant·es de L2 Biologie, depuis 2022, un enseignement transdisciplinaire sur les méthodes de vulgarisation scientifique. À l’issue de cette UE optionnelle de 25 heures intitulée « Sensibilisation à la Médiation Scientifique » (SMS), les étudiant·es présentent leur atelier de vulgarisation.
Un peu de théorie et beaucoup de pratique
L’objectif de cet enseignement est de permettre aux étudiant·es de pratiquer au maximum. C’est pourquoi l’UE est organisée avec une courte partie théorique de 4 heures pour aborder les principaux concepts de la médiation scientifique et découvrir quelques exemples concrets. Après avoir découvert les « recettes » d’une bonne médiation, les étudiant·es peuvent visionner des cas très divers d’ateliers scientifiques. De la personne seule devant un public au duo de chimistes spectaculaires, du professionnel de la vulgarisation aux étudiant·es en formation, la diversité des situations est l’occasion de mettre l’accent sur ce qui marche bien et ce qui semble plus compliqué à mettre en œuvre. Forts des connaissances théoriques acquises, les étudiant·es doivent alors choisir un sujet et concevoir un atelier scientifique destiné au grand public. L’objectif est de faire une présentation, en conditions réelles, devant un public non spécialiste du sujet.
Un travail en équipe nécessaire
Les étudiant·es constituent des groupes, une opportunité de répartir la charge de travail mais également une difficulté, puisque cela implique que chacun joue un rôle spécifique au cours de l’atelier. « Nous leur demandons que personne ne reste les bras croisés lors de l’atelier » souligne Romuald Drot, responsable de cette UE, « c’est une difficulté supplémentaire car animer un atelier à 4, ce n’est pas si facile… ».
Le choix des sujets traités est libre ce qui conduit à une grande diversité de thèmes abordés. Le volcanisme, les insectes, le dérèglement climatique, les trous noirs ou les illusions d’optique sont quelques exemples des nombreuses problématiques abordées.
Il faut dans un premier temps clairement définir les contours de l’atelier car ce dernier doit durer 15 minutes. Il est donc nécessaire de faire des choix, de renoncer à aborder certains aspects. C’est tout l’intérêt mais aussi la difficulté de l’exercice. L’enseignant n’intervient pas en tant qu’expert pour guider la conception de l’atelier mais plutôt en tant que conseil, pour interroger les étudiant·es sur ce qu’ils·elles veulent faire passer comme message et les sensibiliser aux écueils éventuels. « Il est important que les ateliers soient à 100% la création des étudiants, c’est plus efficace pour leur formation et plus valorisant pour eux. Ce n’est pas toujours facile pour nous de garder de la distance car parfois les étudiants choisissent des sujets pour lesquels nous avons nous-même déjà conçu des ateliers. » précise Romuald Drot.
Une mise en situation en guise d'aboutissement
L’UE ne représente au total que 25 heures, les étudiant·es ont donc à peine une vingtaine d’heures pour élaborer et tester leur atelier avant de le présenter au grand public. Un vrai défi ! Cela leur demande un investissement conséquent qui s’accompagne d’une certaine pression quand l’échéance de la mise en situation s’approche. « J’étais un peu stressée à l’idée de faire une présentation devant des gens et pas juste devant nos profs mais ça s’est bien passé » témoigne Sarah.
Cette mise en situation va être l’occasion pour eux de tester en réel leur atelier et de se confronter à un vrai public. Il faut faire participer les spectateurs, proposer des choses spectaculaires ou étonnantes et répondre aux nombreuses questions.
Mars 2025, 13h30, dans le couloir d’un bâtiment d’enseignement du campus d’Orsay. Chaque groupe installe son atelier. Dans 30 minutes c’est le grand saut ! Des spectateurs approchent, intrigués. Les étudiant·es, encore timides, hésitent à lancer leur atelier. 14h00, les enseignant·es font un signe, il est temps de commencer… Les 15 minutes passent très vite mais elles sont extrêmement riches d’enseignement pour les étudiant·es qui vont petit à petit améliorer leur atelier au fil de l’après-midi. 16h00, chaque groupe a pu présenter son atelier environ 4 fois. Des sourires se dessinent sur certains visages. La satisfaction de nos apprenti·es vulgarisateurs·trices est palpable. Cette année encore la mise en situation a été un succès. Les spectateurs repartent contents, les étudiant·es sont ravis de cette expérience et les enseignant·es sont satisfait·es de la qualité du travail fourni.
Des étudiant·es satisfait·es et de nouvelles compétences acquises
Dans l’ensemble, les étudiant·es sont particulièrement content·es d’avoir suivi cet enseignement. Si certain·es étaient hésitant·es au départ quant à ce qu’il leur est demandé, leurs réticences se sont rapidement levées. Ils·elles se sont lancé·es à fond dans la création de leur atelier. Le fait d’avoir un objectif tangible et une échéance devant un public qui n’est pas uniquement leurs enseignant·es participent beaucoup à cette dynamique. A la fin du module, lors d’une soutenance, il est demandé aux étudiant·es de présenter un travail réflexif sur leur atelier, suite à la mise en situation : leur préparation, ce qui a bien marché, ce qui est à changer… C’est aussi l’occasion de réagir sur la conception des ateliers des autres groupes, des moments souvent très riches de discussion, de conseils et donc d’enseignement.
Mais au-delà des compétences acquises en matière de médiation scientifique, le travail conduit par les étudiant·es les pousse à acquérir un ensemble de compétences qu’ils·elles pourront mettre à profit dans d’autres situations. C’est le cas du travail en équipe, de la gestion du stress, de la mobilisation de connaissances dans un contexte nouveau et d’un aspect réflexif sur les résultats obtenus. Un enseignement bien plus riche qu’il n’y paraît ! Il n’est pour le moment proposé qu’en L2 Bio. On ne peut qu’espérer que d’autres filières s’en emparent et le propose à leur tour à leurs étudiant·es.
Comme conclusion, le sympathique message de Julien « Je vous remercie pour ce retour, et souhaitais vous dire que j'ai particulièrement apprécié cette UE. » montre bien l’adhésion des étudiant·es à l’enseignement qui leur ai proposé.