Raconte-moi une fake news !
Comment reconnaître une fake news ? Cette question au demeurant très simple n’appelle pas toujours une réponse si claire. Il est parfois difficile de démêler le vrai du faux. Il est non seulement nécessaire d’y consacrer un peu de temps mais il faut surtout acquérir quelques bons réflexes. C’est en partant de ce constat qu’est naît l’idée de proposer à des étudiant.es de travailler sur la conception de fake news. « Finalement, quoi de mieux que d’imaginer soi-même une fake news pour en comprendre tous les mécanismes » précise Romuald Drot, l’enseignant-chercheur à l’origine de ces enseignements. Ces derniers sont proposés en L3 Science, Enseignement, Médiation ainsi que dans le cadre de l’UE Management de Projet en Équipe en L3 Chimie.
Une démarche pas si évidente…
Des dispositifs étaient préexistants pour sensibiliser nos étudiant.es à l’esprit critique. C’est notamment le cas du SPOC « Science en société », proposé à tous les étudiant.es de l'Université Paris-Saclay, et qui comprend un volet sur la théorie de la Terre plate. Pour aller plus loin et comprendre comment l’information pouvait être pervertie et conduire à une pseudo-connaissance erronée, l’idée a été d’imaginer un enseignement original afin et proposer aux étudiant.es une démarche à la fois novatrice, ludique et active. La conception d’une fake news, de A à Z, est apparue assez naturellement comme un outil répondant à ces objectifs.
Une courte formation théorique a donc été proposée aux étudiant.es de L3 SEM alors que ceux de l’UE MPE devaient prendre contact avec un « spécialiste » des fake news. Après cette étape, ils devaient soit imaginer une thématique de fake news, soit en créer une sur un thème donné. « C’est là que les choses se compliquaient parfois » précise Romuald Drot, en effet, si certains étudiant.es entraient assez facilement dans la démarche, la considérant comme un jeu de rôle, d’autre étaient plus réfractaires. Il fallait alors un peu plus les accompagner, les guider dans une démarche qui va à l’encontre de ce qu’on leur apprend en science, à savoir « ne jamais pervertir des faits scientifiques ».
…Pour des résultats spectaculaires
Les productions réalisées par les étudiant.es ont pris des formes très diverses. En raison, du volume horaire des UE, les étudiant.es de L3 SEM, en binôme, écrivent plutôt des articles alors que pour ceux de L3 MPE qui ont plus de temps et travaillent en groupe de 6 ou 7, il y a des vidéos, des articles, des sites internet qui sont conçus.
La Nasa qui prépare en cachette la fuite de gens influant vers Mars pour fuir la mort de notre planète, Les pompes à essence truquées par Total ou encore le développement d’un programme de recherche par Elon Musk pour contrôler la population ne sont que quelques exemples des créations des étudiants de L3 SEM. Guillaume avait travaillé sur ce dernier thème et avait conçu une très belle vidéo avec Mamadou. « Je l’ai fait visionner à des gens de ma famille sans rien leur dire et j’ai pu voir que certains, sans être convaincus, avaient pu douter à des moments. C’est dingue le pouvoir de la vidéo ! » témoigne Guillaume avec un grand sourire.
Pour les étudiant.es de L3 MPE, il faut imaginer une fake news sur un thème imposé, par exemple une intoxication chronique à l’aluminium orchestrée par l’industrie agroalimentaire ou le gouvernement français qui nous cache ses recherches sur l’utilisation de la radioactivité pour créer des Hommes augmentés. En groupe de 6 ou 7 et pendant les 25 heures de l’UE, ils doivent être organisés et productifs pour créer un ensemble de ressources (vidéos, textes, podscats, flyer, site internet) qui va leur permettre de révéler au monde les scandales cachés. « Cet enseignement sort de l’ordinaire » nous dit Yousra, « c’est rafraîchissant, on a envie de s’impliquer » complète Inès. Bien que ce module leur demande beaucoup de travail personnel, les étudiant.es restent très contents de l’avoir suivi. « On a besoin de chercher, de s’informer par soi-même, c’est bien plus instructif » nous dit Inès tandis que Yousra souligne « Les fake news, c’est un sujet exploratoire, pas aussi jalonné qu’un TP habituel, c’est intéressant ».
Pour conclure, quand on a demandé à Inès, Nicolas et Yousra, le premier mot qui leur venait à l’esprit pour parler de cet enseignement. Ils sont unanimes, « Ludique ». Apprendre en s’amusant, c’est finalement un bon moyen d’ancrer les connaissances. Une démarche dans laquelle l’Université est très proactive.