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séminaires centre d'Alembert 09/02/21

Science et société Article publié le 08 janvier 2021 , mis à jour le 20 janvier 2021

Séance 6 : Entre amplification et disqualification de la parole scientifique. Les médias font-ils écran ou sont-ils un écran pour la science ?

Mardi 9 février 2021
14h-16h

En visioconférence

 

Lien de connexion Zoom :
https://us02web.zoom.us/j/85312950930?pwd=UzNSUVJPT1ZTQ0hYWmJQUE5qeklXZz09

Contact et informations :
centre.dalembert@universite-paris-saclay.fr

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Présentation de la séance :

Comment se construisent la légitimation ou la disqualification médiatique des prises de position du personnel académique scientifique ? Quelle est la valeur de la parole scientifique lorsqu’elle entre en scène par le biais des médias ?  Le mélange des voix influe directement sur la réception d’une vérité, d’un fait, alors soumis à plusieurs couches d’explicitations qui brouillent les pistes. Les médias dès lors font-ils écran ou sont-ils un écran pour la Science ? Les récentes controverses nous invitent à interroger les formes d’une dramatisation de la Science, mise en scène ou alimentée par les médias, amenant à interroger le rapport journalistes/scientifiques, les représentations et jeux d’autorité à l’œuvre.

Intervenants :

Jean-François Ternay
Enseignant-Chercheur. Université de Paris. Master Sciences et Médias

QUI parle dans le documentaire scientifique ?

Résumé : Les films qui traitent de science, diffusés par la télévision, se proposent pour la plupart d’être les intercesseurs entre une production de savoirs scientifiques et un public plus ou moins profane. Il ne s’agit pas toujours de savoirs établis ; ceux-ci peuvent être en cours de construction, parfois controversés dans la communauté scientifique ou encore être des savoirs dont certaines applications peuvent être remises en cause par la société.
Le champ est vaste et les manières de traiter ces films relèvent de différentes factures : documentaires de création et films d’investigation, reportages, films militants, spectacles divertissants, films pédagogiques…
Ce faisant, afin de mieux comprendre les volontés effectives de transmission d’un savoir dans ces films, il est intéressant de se poser la question des locuteurs : qui parle ? Les auteurs scientifiques ? Les réalisateurs ? Les journalistes ? Et parlent-ils en leurs noms ? Au nom de leurs institutions ? De leurs entreprises ? Voire de leur producteurs ? Et quand ils parlent « en leurs noms », leur regard est-il « scientifique » ou à celui-ci se mêle-t-il d’autres éclairages : leurs combats pour une cause, leurs croyances, leurs idéologies, et leurs intérêts : scientifiques, mais aussi politiques, économiques ?
D’autant plus que ces locuteurs fonctionnent souvent en cascades plus ou moins repérables  : « ON », qui caractérise une voix off qui prend le point de vue de « Dieu », peut-être repris par la voix d’un journaliste, qui invite un scientifique, qui lui-même cite d’autres scientifiques, d’autres experts… produisant parfois un enchevêtrement de locuteurs qui fait que le spectateur se trouve dans l’incapacité de situer la parole qui lui est proposée et par là même d’appréhender le « quoi » et le « pourquoi » de ce qu’on lui dit.
De là à brouiller les citoyens dans leur relation au savoir et à la science, et à brouiller les élèves avec leurs enseignants en science, il n’y a qu’un pas, comme je voudrais le montrer dans quelques exemples de films de sciences diffusés en télévision.

Sylvestre Huet
Journaliste scientifique, Blog http://huet.blog.lemonde.fr/

Delfraissy 39 000 résultats Google, Raoult 4 000 000

Actualité oblige, les aventures des médecins et microbiologistes en temps de Covid-19 (et les responsabilités des directions d’institutions scientifiques comme des chefs de rédactions). La déjà longue et instructive histoire des sciences du climat et de leurs négationnistes sortis de quelques laboratoires avec le soutien de responsables politiques et de directeurs de rédactions. Dans un domaine très différent : comment oser écrire que la philosophie (du moins celle utilisée comme appât commercial éditorial) de la star mondiale Stephen Hawking ne vaut pas tripette. L’irruption brutale des réseaux des plateformes numériques dans les rapports entre science et citoyens. Ma conclusion portera sur l’enjeu médiatique du défi démocratique majeur du 21ème siècle relatif à l’usage des technologies.

Organisatrice :
Alexia Jolivet

Maître de Conférences en sciences de l’information et de la communication, Laboratoire E.S.T. (Études sur les Sciences et les Techniques), Université Paris-Saclay

 

 

Séminaire itinérant du Centre d'Alembert  "Qu'est-ce qu'un fait établi ? comment se trompe-t-on ?"

Séance 5 : Comment établit-on un fait en physique ?

Mardi 19 janvier 2021
14h-16h
En visioconférence
Lien de connexion : https://primetime.bluejeans.com/a2m/live-event/dwdevkzf
 

Intervenants :

Florent Robinet
Chercheur au CNRS, IJCLab (Laboratoire de Physique des 2 Infinis Irène Joliot-Curie), Université Paris-Saclay

Première détection des ondes gravitationnelles : validation expérimentale d’une découverte historique.

Résumé : En Septembre 2015, le signal d’une onde gravitationnelle est observé pour la première fois par les détecteurs interférométriques LIGO. Ce signal est associé à un système binaire de trous noirs qui spiralent l’un autour de l’autre et qui finissent par fusionner. Les retombées scientifiques accompagnant cet événement ont été exceptionnelles et un nouveau canal d’observation sur l’Univers est désormais à disposition des scientifiques.

Il a fallu cinq mois aux collaborations LIGO et Virgo pour annoncer cette découverte publiquement. Ce délai a été nécessaire pour s’assurer de l’origine astrophysique du signal. En effet, les détecteurs d’ondes gravitationnelles sont des instruments extrêmement sensibles et sont limités par de nombreux bruits dus à l’environnement ou à l’instrument lui-même. De très nombreux tests ont été réalisés en interne tant au niveau des détecteurs que de l’analyse des données afin d’exclure un événement de bruit.

Après être revenu sur les éléments scientifiques liés à cette découverte fondamentale, je présenterai l’ensemble des études qui ont permis de valider l’authenticité du signal. Je décrirai également comment une collaboration internationale rassemblant plus de 1500 chercheurs et ingénieurs s’organise en interne pour convaincre la communauté scientifique et le grand public de la fiabilité d’une telle découverte.

Emanuel Bertrand

Maître de conférences à l’ESPCI Paris-PSL (Ecole supérieure de physique et de chimie industrielles), Chercheur en histoire des sciences au Centre Alexandre-Koyré (CNRS-EHESS-MNHN)

Existe-t-il des faits bruts en physique ? Quelques éclairages par l’histoire des sciences.

Résumé : Qu’est-ce qu’un « fait scientifique » ? Existe-t-il des faits « bruts » dans les sciences de la nature, et en particulier en physique ? Ou bien un « fait » scientifique ne peut-il être établi comme tel qu’après l’intervention d’une médiation humaine – sociale, interprétative ou instrumentale ? On peut tenter de répondre à cette question par le recours à la philosophie, en mobilisant des réflexions sur la théorie de la connaissance, par exemple celles du philosophe allemand Ernst Cassirer. Mais je privilégierai plutôt ici une approche empirique par l’étude de cas en histoire des sciences. Je m’appuierai donc sur deux épisodes de l’histoire de la physique : la mise en évidence de la propagation des ondes électromagnétiques par Heinrich Hertz en 1888, et la détection d’ondes gravitationnelles par Joseph Weber dans les années 1960. Dans le premier cas, le phénomène étudié est fabriqué par le physicien, dans le second, il s’agit de détecter un phénomène a priori présent dans l’univers indépendamment de toute activité humaine. Pourtant, nous verrons que, dans les deux cas, on ne peut parler d’un « fait scientifique » que si un certain type de consensus est atteint dans la communauté scientifique concernée.

Organisateurs :
Julien Gargani, directeur du Centre d’Alembert
Yves Langevin et Jean-Claude Vial, Institut d’Astrophysique Spatiale,
Université Paris-Saclay