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Lucie Jarrige

Lucie JARRIGE, diplômée de l’Université Paris-Saclay une ambassadrice de talent pour la Semaine Européenne pour l’Emploi des Personnes Handicapées

À l’âge de 15 ans, un cancer des os l’oblige à être amputée d’une jambe mais elle refuse de s’autocensurer « ce n’est pas une jambe en moins qui allait m’empêcher de faire les mêmes choses que les autres ». Après avoir obtenu un Master en chimie organique ainsi qu’un magistère de physico-chimie moléculaire à l’Université Paris-Saclay, Lucie JARRIGE a passé sa thèse à l’Institut de chimie des substances naturelles. En 2017, elle obtient une Bourse L’Oréal-UNESCO pour les femmes et la science dont elle se sert pour encourager les jeunes filles à « oser » une carrière scientifique. En 2018, elle devient ambassadrice de la Semaine Européenne pour l’Emploi des Personnes Handicapées (SEEPH), qui a lieu fin novembre. Elle est par ailleurs, championne handi-escalade et prépare les prochains championnats du monde à Tokyo en 2019.

Pourriez-vous nous présenter la Semaine Européenne pour l’Emploi des Personnes Handicapées ?

Organisée par l’Association pour l’insertion sociale et professionnelle des personnes handicapées, cette semaine est le point d’orgue de la politique pour l’accès, le maintien et l’épanouissement dans l’emploi des travailleurs en situation de handicap.
Personnellement, je n’ai jamais été victime de discrimination mais je dois reconnaitre que les sciences et la recherche comptent plus d’hommes que de femmes… et plus le niveau monte, moins les femmes sont présentes… et les données sont encore plus alarmantes pour les femmes handicapées. Au-delà d’éventuelles discriminations, il y a aussi beaucoup d’autocensure. Pourtant ce qui intéresse un employeur c’est la compétence pas la posture handicap / valide.

Votre parcours semble néanmoins loin de l’autocensure ?

La période la plus dure a été l’annonce de mon cancer lorsque j’avais 15 ans mais j’ai très rapidement décidé de me battre ou plutôt je me suis autorisée à vivre comme les autres. Je n’allais pas m’autocensurer juste parce que j’avais une jambe en moins. Il faut dire que j’ai une force de caractère et que j’étais très bien entourée par ma famille et mes amis, cela m’a permis d’avancer.

Ainsi j’ai obtenu un Master 1 puis un Master 2 en chimie organique à l’Université Paris-Sud. J’ai ensuite poursuivi avec une thèse encadrée à l’Institut de chimie des substances naturelles de l’université Paris-Saclay (Université Paris-Sud, CNRS) qui portait sur les nouvelles méthodes de fabrication de molécules, plus respectueuses de l’environnement.

Aujourd’hui, je suis en Allemagne à côté de Francfort et je poursuis mes travaux dans le cadre d’une mission de recherche fondamentale pour une durée de 2 ans. Je me passionne pour la chimie verte autrement dit je cherche des solutions pour rendre la chimie plus propre.

Vous aviez obtenu en octobre 2017 une Bourse L’Oréal-UNESCO pour les femmes et la science. Nous avions déjà publié un article à ce sujet, où en est ce projet 1 an après ?

J’ai pu bénéficier d’une formation à la Fondation L’Oréal pour prendre la parole en public et m’exprimer face aux médias. En tant que boursière, j’ai également intégré le programme « Pour les filles et la science » qui vise à encourager les jeunes et notamment les jeunes filles à s’orienter vers les sciences.

Je suis donc devenue une « ambassadrice des sciences » pour la Fondation L’Oréal auprès des collèges et des lycées afin de promouvoir les parcours scientifiques.

Je suis beaucoup intervenue en milieu rural notamment du côté de Monflanquin dans le Lot-et-Garonne d’où je suis originaire pour parler d’orientation mais surtout pour faire sauter les barrières que l’on s’impose soi-même.

J’ai utilisé ma dotation de 15 000 euros pour financer mes divers déplacements en collège et lycée mais surtout pour me rendre à des congrès internationaux, dont le coût est souvent élevé, pour y exposer mes travaux. Cela a été l’occasion de rencontrer les bonnes personnes pour la poursuite de ma carrière et j’y ai d’ailleurs trouvé mon post-doctorat que je réalise actuellement en Allemagne.

Vous venez d’obtenir pour la seconde fois le titre de championne du monde handi-escalade à Innsbruck en septembre 2018, quel est le prochain challenge ?

J’ai effectivement été sollicitée pour être la marraine de cette semaine grâce à la bourse L’Oréal-UNESCO mais aussi grâce mes deux titres de championne du monde handi-escalade à Bercy en 2016 et à Innsbruck cette année. Le but de cette semaine est de modifier les perceptions sur les personnes handicapées et je dois reconnaitre que mes casquettes de « chercheuse », « championne handi-escalade », « ambassadrice L’Oréal pour les sciences » et « personne en situation de handicap » jouent parfaitement le rôle ! Mon prochain challenge est de gagner les prochains championnats du monde à Tokyo en 2019 et de faire en sorte que l’handi-escalade soit une discipline paralympique. Ce ne sera pas le cas en 2020 pour les jeux paralympiques de Tokyo mais j’espère que je pourrais concourir en 2024 aux jeux de Paris !

En 2018, à l’occasion de sa 22ème édition, la Semaine Européenne pour l’Emploi des Personnes a mis à l’honneur trois thématiques

 

  • Les femmes en situation de handicap dans l’emploi. Avec un taux deux fois supérieur à la moyenne, les personnes en situation de handicap sont clairement discriminées lorsqu’il s’agit d’insertion professionnelle. Pour les femmes, les choses sont encore plus compliquées car il s’agit de concilier le handicap avec la vie personnelle, on pense notamment à la maternité, et avec la vie professionnelle.
  • L’apprentissage et l’alternance. Matignon a dévoilé en février 2018 son plan pour transformer l’apprentissage et l’alternance, des dispositifs qui accompagnent les candidats à l’emploi peu ou pas formés à des métiers porteurs. Largement sous-exploités, apprentissage & alternance constituent des outils intéressants et incitatifs pour les employeurs et devraient être plus souvent proposés aux personnes handicapées.
  • L’emploi accompagné. Autrement dit, le tryptique gagnant : employeur, référent emploi, personne handicapée, qui offre un accompagnement inclusif rassurant. Cela doit permettre à l’employeur d’oser et à la personne handicapée embauchée de trouver ses propres ressources sur le principe de « l’empowerment ».    

Interview de Sabine Ferrier, 
Chargée du réseau des diplômés de l’Université Paris-Sud, 
Direction de l’orientation professionnelles et des relations entreprises.

Pour toute information sur le réseau des diplômés de l’Université Paris-Sud, vous pouvez contacter Sabine Ferrier, chargée des relations diplômés à la Direction Orientation Professionnelle et Relations Entreprises : alumni.parisudien@u-psud.fr, 01 69 15 33 29 (Bâtiment 330 campus d’Orsay).