Aller au contenu principal

Patricia Paterlini-Bréchot, une alumni qui révolutionne la prévention du cancer

Patrizia Paterlini-Bréchot est chercheuse en oncologie. Originaire de l’Italie, elle s'est installée à Paris en 1988 pour se former à la biologie moléculaire, et a décroché en 1993 son doctorat à la Faculté des sciences de l’Université Paris-Saclay. Aujourd’hui elle révolutionne le monde médical. Elle a créé un test qui permet de détecter le cancer avant qu'il ne se propage.

Racontez-nous votre parcours ?

J’ai d’abord étudié la médecine à l'université de Modène et de Reggio d'Émilie, où je me suis spécialisée en hématologie et oncologie. Je n’ai pas tout de suite poursuivi mon parcours avec mon doctorat car j’ai d’abord travaillé en tant que cancérologue à Bologne. Ensuite, j’ai rejoint un laboratoire à l’Hôpital Necker spécialisé en biologie moléculaire, une discipline qui émergeait à l’époque. C’est ce laboratoire, l’unité « INSERM 370 », qui m’a conseillé de rejoindre l’Université Paris-Saclay pour obtenir mon doctorat.

Quel a été le sujet de votre thèse ?

Au sein de l’Université Paris-Saclay, j’ai consacré les 5 ans de ma thèse à l’identification des signaux faibles du virus de l’Hépatite B qui peut donner lieu à un cancer du foie. L’enjeu est de pouvoir travailler sur des cibles moléculaires faibles et circulantes. J’ai développé une méthode morphologique qui permet de comprendre les mécanismes de l’infection virale avec le passage de l’hépatite vers le cancer.

Finalement vous êtes restée en France ?

Oui j’ai eu toutes les bonnes raisons de rester en France. Il faut dire qu’en plus d’avoir trouvé mon sujet de recherche de prédilection, j’avais entre temps rencontré celui qui allait devenir mon mari.

Chercher et soigner semblent être vos deux leitmotivs ?

Mon premier but dans ma vie professionnelle est de servir les patients, de prévenir la maladie et le cas échéant de faire en sorte qu’ils souffrent le moins possible. Je suis une chercheuse, car j’ai toujours voulu comprendre, mais je suis aussi médecin car j’ai toujours voulu voir la prise en charge du patient. Je ne dénigre absolument pas la recherche fondamentale mais j’aime le contact direct entre le médecin et le patient. J’aime pouvoir sans cesse combiner l’activité de recherche dans un laboratoire et l’activité du médecin aux côtés du patient.

Quelles sont les différentes étapes qui vous ont permis de créer votre test de prévention cancer ?

D’abord j’ai eu l’idée grâce à mes recherches, de ce test sanguin. J’avais envie de repousser un peu plus loin les limites de la science et de voir s’il était possible de détecter un cancer sans passer par l’imagerie médicale comme les scanners ou les IRM. Mon intuition était la détection par l’analyse de sang, j’ai donc avancé dans ce sens.

Au final, le test permet aux médecins de détecter les cellules cancéreuses dans un échantillon de sang bien avant qu'une tumeur ne puisse être détectée grâce aux méthodes classiques d'imagerie médicale. La détection intervient avant même que le patient ne développe des métastases autrement dit un stade de propagation où 90 % des patients perdent leur combat contre la maladie. Il y a donc un vrai enjeu de la survie du patient derrière ce test.

J’ai créé un prototype. J’ai mené de nombreux tests en laboratoire puis j’ai lancé un test pilote sur des personnes saines. Ensuite j’ai eu une dernière phase de test sur de véritables patients. Cette phase a confirmé la fiabilité de notre outil dont nous avons industrialisé la production.

Aujourd’hui, le test peut être utilisé pour les personnes « à risque » en matière de développement de cancer, pour les personnes qui ont été soignées mais qui peuvent rechuter, pour les personnes qui ont développé un cancer et que l’on soigne. Le test sert à voir si le cancer peut apparaitre, a disparu ou s’il est toujours présent. Notre méthode a prouvé son efficacité, d’autant plus que le test fonctionne sur tous les types de cancers ainsi que les leucémies. Surtout, la détection précoce du cancer est essentielle pour pouvoir le traiter à temps.

Vous êtes passionnée par ce que vous faites, quel serait votre conseil pour nos étudiants ?

Je dirais que si l’on est passionné et motivé, le reste suit. Par exemple, personnellement j’ai eu peur que mon travail, qui est très prenant, endommage la relation avec mes enfants ; D’autant plus que leur père travaille autant que moi ! Mais ils ont senti qu’ils restaient ce qu’il y avait de plus important dans nos vies. Ils ont senti que nous leurs faisions confiance et cela les a responsabilisés. Ils nous ont toujours vu travailler alors nous n’avons jamais eu à être derrière eux pour leurs devoirs d’école. Je disais toujours « maman a ses devoirs, vous avez vos devoirs, chacun son travail ! »

Aujourd’hui, quels sont vos projets ?

Je travaille toujours sur mon test de prévention du cancer mais je me suis focalisée sur deux cancers en particulier : le cancer de la prostate et celui du poumon. Ensuite, nous avançons pour réduire au maximum le prix du test car aujourd’hui il est facturé plus de 400 €. Enfin, ma plus grande satisfaction serait que ce test soit intégré dans les contrôles sanguins classiques afin de protéger toujours un peu plus la santé du patient.

En savoir plus sur le travail de Patrizia Paterlini-Bréchot avec sa présentation TEDX « Sommes-nous en train de rattraper de vitesse le cancer ? »

Interview de Sabine Ferrier
Chargée du réseau des diplômés de l’Université Paris-Saclay
Direction de la formation et de la réussite

Pour toute information sur le réseau des diplômés de l’Université Paris-Saclay, vous pouvez contacter Sabine Ferrier, chargée des relations diplômés à la Direction de la formation et de la réussite :
alumni.upsaclay@universite-paris-saclay.fr
01 69 15 33 29 (Bâtiment 330 campus d’Orsay).